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sociale étaient représentées à Tokio et dans les grands centres.

Il eut été paradoxal d’exagérer, en la mesurant, la puissance de rayonnement de chaque groupement où des représentants de chaque idéal, mais on avait un choix complet de tendances. Les internationalistes étaient souvent imprégnés de culture bouddhique. En d’autres cas, ils cachaient mal un traditionalisme encore très vivace. Qu’importe ! Les Japonais avides de formules nouvelles ne reculaient devant aucune des révélations occidentales, devant aucun système politique, devant aucune chimère sociale. Ils les adaptaient tant bien que mal à leur langue, à leur tempérament, à leurs propres rêves. Ils s’efforçaient d’importer tous les évangiles en pensant qu’il en resterait chez eux quelques bons grains. Ils s’adressaient à tous les pays étrangers, à tous les auteurs en renom. Les clubs d’étudiants se passionnaient pour Engels, Kropotkine, Nietzche, Freud, Bergson ou Einstein. On discutait de tout et sur tout.

Dans le monde ouvrier, le malaise se traduisait par des grèves. Les salariés protestaient contre l’égoïsme capitaliste. Les paysans se dressaient contre les grands propriétaires fonciers. Les bonzes attaquaient les uns et les autres pour leur matérialisme grossier. Sans doute, tous ces élans et toutes ces critiques se présentaient dans un beau désordre. Les plans magnifiques de la plupart de ceux qui se posaient en leaders ne produisaient que des frissons sociaux et non pas des évolutions. Il y avait, dans les controverses, un