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revendications se précisèrent. Contre la vie chère, ils manifestèrent parfois avec violence. Des grèves éclatèrent en 1918. Des émeutes dites « émeutes du riz » — à cause de la hausse de cette denrée indispensable — furent réprimées, mais n’arrêtèrent pas le mouvement.

Un souffle d’idées libérales en et anti-bureaucratiques accompagnait la poussée des travailleurs. L’avènement du Cabinet Hara prouva que la démocratisation commençait. Les luttes entre les nationalistes et les partisans des doctrines chargées de hardiesse se firent plus âpres. Le wilsonisme avait pénétré les âmes. Les écrits des socialistes français, anglais, allemands étaient abondamment répandus. La propagande bolchéviste semait également sa littérature.

Un fils de Samuraï, Sakae, avec une impitoyable fantaisie, multipliait les satires et brossait des tableaux de son temps où perçaient ses sympathies socialistes.

Toutes les idées s’enchevêtraient, se mêlaient, se confondaient. De même qu’en politique, il y avait des poussières de partis, c’était un tourbillon d’écoles. On trouvait de tout, vers 1920, au Japon. C’était une véritable boîte d’échantillons que l’on avait sous les yeux quand on observait la jeunesse : marxistes, communistes, bolchévistes, libertaires, socialistes partisans de l’action parlementaire ou socialistes révolutionnaires hostiles à la Diète, intellectuels internationalistes, syndicalistes manuels opposés à la règle des intellectuels : toutes les nuances, toutes les catégories, toutes les formes de l’action politique et