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celle de Tokichi Tarui, qui esquissa une « Ligue socialiste », à Nagasaki, dès 1882. Mais ce n’était là qu’un essai. Pendant une vingtaine d’années, le socialisme ne devait attirer que des intellectuels ayant, certes, une influence sur l’évolution de la pensée nipponne, mais se contentant, dans leurs petites chapelles, d’étudier les thèses de Saint-Simon, de Proudhon, de Fourier et de Karl Marx. En 1901, on vit naître un parti socialiste japonais, qui adhéra à l’Internationale. Il fut presque aussitôt dissous par le ministre de l’Intérieur. Pourtant, au Congrès d’Osaka de 1903, les socialistes reparurent pour protester contre la guerre avec la Russie. De même, on se rappelle qu’au Congrès d’Amsterdam, en 1904, Sen Katayama siégea à côté du délégué russe, Plekhanoff. Sur l’estrade, aux applaudissements de l’assis- tance, ils se donnèrent l’accolade.

La vague nationaliste qui déferla sur l’Empire du Soleil Levant, après le traité de Portsmouth, fut très préjudiciable aux propagateurs des idées socialistes. Ils furent sévèrement bridés en toute occasion et, parfois, même, ils subirent de rudes répressions. Le complot contre l’empereur, suivi du procès de Kôtokou, en juin 1910, et l’exécution de vingt-six des accusés furent un exemple terrible qui refroidit singulièrement le zèle de tous les critiques du régime.

Une fois de plus, les hommes qui professaient des idées avancées se réfugièrent dans les cénacles et les sociétés secrètes où ils continuèrent avec plus ou moins d’audace à prêcher le démocratisme humanitaire, le pacifisme, l’égalita-