Page:Tessan - Le Japon mort et vif, 1928.pdf/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

goro, sorte de martyr populaire dont la tombe, à Kozu-Mura, est un lieu de pèlerinage où brulent constamment les baguettes d’encens. En 1644, Sogoro eut le courage de venir protester à Yedo contre les impôts tyranniques levés sur la communauté par son seigneur. Il savait que son geste de défense en faveur des paysans lui vaudrait la mort… Il fut, en effet, condamné au supplice. Ses trois enfants furent décapités sous ses yeux, et sa femme fut livrée au bourreau en même temps que lui. Mais son sacrifice est resté dans la mémoire des hommes qui continuent à le citer en exemple.

Il est bien évident que l’ère de Meiji a introduit les plus profonds changements dans les mœurs et dans les idées et qu’une vive impulsion a été donnée à tous les projets de rénovation sociale grâce à l’apport des théories occidentales.

Les réformes politiques devaient fatalement amener, tôt ou tard, un révision des relations du capital et du travail, éveiller peu à peu la conscience d’une élite ouvrière ou, du moins, préparer ses chefs à une vision plus réaliste de leurs intérêts. Lorsque le comte Itagaki fonda, en 1880, le Parti Libéral — le Jiyuto, — il ouvrit le chemin à des ambitions d’abord très timides, mais qui, par la suite, prirent une forme de plus en plus résolue.

Dans son encyclopédie intitulée Fifty Years of New Japan, le Comte Okuma nous indique que le premier syndicat des imprimeurs — bien éphémère d’ailleurs — fut fondé, en 1884, par Teiichi Sakouma. À quelques années de là, le philoso-