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ment, le Seiyu-honto (les vrais amis du gouvernement). Devant cette défection, le président du Seiyu-Kwaï, le vicomte Takahashi Korekiyo, renonça à son titre de vicomte et à la pairie afin de briguer un mandat populaire et de bien marquer son hostilité contre un gouvernement de bureaucrates et d’aristocrates. Il conclut une alliance avec le Kensei-Kwaï et avec le Kakushin-Club, qui réunit tous ceux qui se considéraient comme les protecteurs de la Constitution. C’est ce que l’on a appelé le Cartel japonais, le Cartel qui joua le 10 mai 1924, le Cartel qui balaya le vicomte Kiyoura et qui permit au vicomte Kato Komei[1] de s’attaquer, une fois président du Conseil, à ces problèmes essentiels : réforme électorale, réforme de la Chambre Haute, réforme administrative, réduction et réorganisation de l’armée de terre. Après la victoire du Cartel, trois partis dominaient le Parlement nippon : le Kensei-Kwaï (164 membres), après absorption du Kakushin-Club ; le Seiyu-Honto (90 membres), et le Seiyu-Kwaï (160 membres).

Le vicomte Kato ayant formé son Cabinet, le 11 juin 1924, réussit, dans les mois qui suivirent, à faire passer son projet de suffrage universel qui donne le droit de vote à tous les Japonais mâles au-dessus de 25 ans. Du coup, le corps électoral a été porté à douze millions d’inscrits, alors que,

  1. Il ne faut pas confondre l’amiral Kato Tomosaburo dont nous venons de signaler les services un peu plus haut avec le vicomte Kato Komei, diplomate de carrière, devenu le chef du Kensei-Kwaï qui tira, au moins en partie, les conséquences de la victoire électorale du 19 mai 1924. Les deux Kato ont eu chacun leur heure dans la direction de l’évolution démocratique japonaise.