Page:Tessan - Le Japon mort et vif, 1928.pdf/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grès, qui anime le pays entier, finit par percer et par imposer des solutions plus équitables.

Si, en 1889 — au moment où fut octroyée la Constitution d’Empire, comportant le régime parlementaire à deux degrés — cette innovation correspondait plutôt à une simple imitation des institutions étrangères, en 1927 — alors que débute l’Ère de la Paix Resplendissante — le Japon ressent le besoin de se moderniser davantage, de pousser plus loin ses expériences, en un mot : de se démocratiser. Nous avons constaté que le monarque lui-même, touché par l’esprit nouveau, se posait en réformateur. La colère du peuple — même aux heures les plus rudes, avons-nous dit aussi — ne s’est point encore tournée contre le pouvoir impérial. Elle s’est attaquée au régime des clans, au pouvoir accaparé par une oligarchie s’appuyant sur les grandes familles seigneuriales de l’Ouest et du Sud qui ont, au siècle dernier, renversé le shogun Tokugawa pour aboutir à la Restauration de 1869 et qui ont, depuis lors, estimé que le premier rôle dans l’État devait indéfiniment leur être réservé.

Des entraîneurs d’hommes, des visionnaires généreux, des lutteurs impénitents — comme Itagaki ou Okuma — se sont dressés contre cet accaparement et ont aidé à saper l’influence des clans. Mais qu’on ne s’y trompe pas ! Une fois promulguée la Constitution de 1889, radicaux, réformistes, constitutionnels sont restés trop souvent, sous des étiquettes diverses, les serviteurs des intérêts bureaucratiques, militaires ou aristocratiques. Nous avons vu tournoyer, à par-