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sidéré par les chefs ouvriers comme un gouvernement de réaction, les Délégués de la Confédération Générale du Travail prirent aussitôt le chemin d’Isé et se rendirent aux temples qu’habitent les Esprits fondateurs de l’Empire, pour les avertir respectueusement qu’ils se préparaient à lutter pour l’obtention du suffrage universel et pour le renversement du Cabinet Kiyoura. Leur sentiment démocratique s’alliait fort bien au devoir de piété envers l’âme des grands souverains disparus. Ils confondaient leur idéal monarchique avec leurs revendications.

Autre exemple de la force de cette discipline impériale. Le Dr Tetsujiro Inouye, de l’Université de Tokio, fut, en novembre 1926, obligé de donner sa démission de membre de la Chambre des Pairs, à la suite d’une polémique sur les origines des attributs de la royauté. Dans un de ses ouvrages, Le Japon et la Morale Nationale, le savant professeur avait soutenu cette thèse que l’on n’était pas bien fixé sur le sort de deux des joyaux sacrés qui furent censément confiés par la déesse Amaterasu au premier empereur Jimmu. Il disait que les originaux de deux des emblèmes, actuellement conservés dans les sanctuaires impériaux, avaient été perdus depuis longtemps et que deux pièces, le miroir et l’épée, n’étaient pas authentiques. Seule, à son avis, la pierre précieuse était bien celle de jadis.

Dans le camp des loyalistes, ce fut un terrible tollé ! On demanda une punition exemplaire pour ce crime de lèse-majesté. Un magazine, le Nihon Oyobi Nihonjin, fit circuler une pétition contre