Page:Tessan - Le Japon mort et vif, 1928.pdf/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mouvements d’une rare violence. Des luttes d’intérêts, des luttes de classes, des luttes morales se préparent. Toutefois, jusqu’ici, le peuple n’a point accusé son empereur des difficultés qui l’étreignent, et il n’a signifié en aucun cas que le pouvoir impérial était responsable de ces crises de croissance ou d’organisation. Au contraire. De même qu’au temps des Shôguns, ces premiers ministres qui gouvernaient en usurpateurs aux lieu et place des mikados, on critiquait les ministres et non les Fils du Ciel, de même, aujourd’hui, les Japonais peuvent blâmer les dirigeants politiques, ils ne protestent point contre l’autorité impériale. Ils ont encore cette conception que, s’il y a des fautes commises, c’est précisément parce que le pur esprit mikadonal est mal interprété par les fonctionnaires ou les serviteurs de l’Empire, ou bien parce que cet esprit de justice suprême qui est, par essence, l’esprit impérial, ne pénètre pas suffisamment les institutions.

Voici une anecdote qui le démontrera d’une façon typique. Il est d’usage qu’à la veille d’un grand événement, touchant à la Cour ou au Peuple, le Souverain en personne ou son délégué, aille en informer solennellement les mânes des Ancêtres, qui résident dans les Miya, les temples du Shinto situés à Isé. Les représentants les plus autorisés de la nation, le Ministre de l’Intérieur, les principaux leaders politiques ne manquent pas, eux aussi, de faire une visite de dévotion dans les occasions capitales. Or, il y a trois ans, quand se forma le ministère Kiyoura, con-