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rence, elles étaient tout de même munies d’appareils électriques. Les banquets et les offrandes, sans doute, exigèrent exactement les mêmes aliments que jadis, mais on communiquait au monde, par T. S. F., le texte des menus funéraires. Parmi les pèlerins agenouillés sur le passage du cortège, on distinguait d’humbles paysans protégés par le manteau de paille et les pieds chaussés de sandales, mais dans la foule recueillie se trouvaient des étudiants habillés à la dernière mode occidentale et représentant l’intellectualité la plus audacieuse.

Funérailles symboliques que celles de l’Empereur de l’Ère de Taisho ! Le vieux Japon ne veut pas mourir, mais il s’imprègne fatalement du jeune Japon. Il s’agit de savoir s’il n’éclatera pas de luttes violentes entre eux et s’ils se pénètreront l’un l’autre, s’ils fusionneront sans choc. L’hymne national Kimi ga yo, qui déclare : « Le règne du souverain durera mille ans et quatre-vingt fois mille ans, jusqu’à ce que le petit caillou, devenu rocher, se couvre de mousse verdoyante… » — cet hymne restera-t-il entièrement vrai ?

Le deuil sincère et profond de la nation japonaise, le caractère familial (si l’on peut dire) de ce deuil indique l’intensité du sentiment impérial. Il y aura, sous le règne de Hiro-Hito, des problèmes plus délicats à résoudre que sous le règne précédent. Nous voyons se dessiner, dans l’empire japonais, un état d’effervescence, qui peut être politiquement inquiétant et un besoin de perfectionnement qui se traduit parfois par des