Page:Tessan - Le Japon mort et vif, 1928.pdf/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Alors, les étrangers constituaient un vrai danger pour nous. Nous les appelions « barbares ! »

« Notre première tâche était naturellement de défendre notre sol. Pour cela nous avons acheté des fusils et des canons, car nous n’avions, à ce moment-là, que l’arc et le sabre. Ces armes primitives ne valaient rien contre les armes à feu. Notre deuxième tâche fut d’apprendre la science occidentale qui avait inventé ces armes formidables. Notre troisième tâche fut de comprendre la civilisation européenne qui avait créé cette science mystérieuse.

« Et, en faisant tous ces efforts, notre compréhension s’est transformée peu à peu en respect profond vis-à-vis des nations occidentales. Successivement la morale, la philosophie, la littérature, l’art, le droit et même la religion, ces splendides expressions de la haute civilisation occidentale, se sont reflétées sur le miroir nippon et ont suscité dans l’âme japonaise un véritable sentiment de respect et d’admiration envers les nations civilisées d’Europe et d’Amérique.

« Nous avons constaté la grandeur de la civilisation européenne, qui résulte de quelque chose de plus qu’une force armée. Son honneur, sa dignité et sa lumière viennent de la profondeur de l’esprit, cultivé avec soin à travers de longs siècles. Et si, aujourd’hui, nous voulons vivre et travailler en paix avec les nobles nations de l’Occident, c’est uniquement parce que nous comprenons et respectons leur civilisation. Et notre compréhension n’est pas superficielle. Elle embrasse tous les efforts séculaires des peuples