Page:Tessan - Le Japon mort et vif, 1928.pdf/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour l’ascension du mont sacré. Hiro-Hito est, fort amateur de natation et il sacrifie aux sports modernes en pratiquant le golf et le tennis. Le Fils du Ciel tient à être « à la page ». Ses sujets — alors qu’il n’était que prince héritier — ont pu l’apercevoir en tenue athlétique, muni d’une raquette et renvoyant la balle avec élégance…

Ainsi, le « Maître Suprême » s’est humanisé aux yeux de la masse. Il a perdu beaucoup de son caractère poétique, de sa puissance occulte, de sa légende terrible. La « Face Rutilante du Dragon » ne fait plus trembler ceux qui lèvent les yeux vers elle. Si les titres pompeux du passé sont toujours employés par courtoisie, ils n’évoquent plus les mêmes sentiments où l’adoration et l’épouvante se mélangeaient. Cependant, ce serait une erreur de croire que le formalisme japonais ne correspond, désormais, à aucune idée sincère. Toutes les audaces que l’Empereur a, pour lui-même ou pour son peuple, n’empêchent point l’idée impériale de demeurer extrêmement tenace et de dominer les cœurs. Les vieilles coutumes, bien qu’elles soient souvent dépouillées d’une partie de leur apparat, gardent assez de vigueur pour ne pas être démodées au siècle de l’électricité. Les gens de l’Empire où le Soleil se lève concilient parfaitement les exigences de l’actualité, une sorte de radicalisme moral, une curiosité sans cesse en éveil, avec un imposant traditionalisme.

Malgré l’agitation sociale, les inquiétudes spirituelles qui troublent la jeunesse, la floraison des idées nouvelles, la dignité, l’éclat, le prestige de