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Les hésitations françaises tiennent à des préjugés généraux et à des intérêts égoïstes. Beaucoup de gens s’imaginent que le Japon convoite l’Indochine, qu’il s’en emparera un jour, qu’il est porté par une sorte de fatalité à s’étendre de ce côté. Or, rien de plus inexact. Le Japon n’a jamais manifesté l’intention de s’installer dans les pays de l’Union ; il n’a jamais, par la voix de ses théoriciens politiques, émis la prétention de dominer dans un avenir plus ou moins lointain, les terres que nous avons conquises ou que nous protégeons ; il n’a jamais pris la position de remplaçant éventuel. D’abord, il est séparé de l’Indochine par des milliers de kilomètres. Ensuite, les conditions du climat sont très différentes dans l’un et l’autre pays. La Californie, l’Australie, la Mandchourie, la Mongolie, les îles Hawaï ont pu attirer les émigrants nippons, alors que la température de l’Indochine est aussi pernicieuse aux natifs de l’Empire du Soleil Levant qu’aux Européens. Même si le champ était libre, ils ne pourraient le transformer en une colonie de peuplement. La concurrence de la main-d’œuvre locale serait aussi défavorable aux Japonais — comme elle l’est en Chine — et c’est ce qui explique le nombre restreint des émigrants fixés en Mandchourie. En outre, le caractère annamite supporterait plus mal peut-être que tout autre emprise politique, celle des Japonais. C’est dans cet esprit que M. Albert Sarraut commentait, en juillet 1922, les accords de Washington, et qu’il étudiait, à la tribune de la Chambre des