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mutuel, la courtoisie réciproque et un large esprit de conciliation. »

C’est dire que, pour M. Yoshitomi et pour ceux qui pensent comme lui, le problème est entier. Reste à savoir s’il sera résolu par des méthodes pacifiques et si le Japon trouvera le moyen de satisfaire à la fois ses besoins d’expansion et sa fierté de grande puissance ? Il a su maîtriser ses nerfs à l’instant le plus critique, et il a sagement calculé tout ce qu’il aurait à perdre dans un conflit avec l’Amérique. Il est à supposer qu’il ne se départira pas de cette prudence — qui lui a valu l’admiration de tous — dans cette recherche des solutions conformes à la place qu’il occupe dans le monde[1].

  1. Au moment où allait s’ouvrir la conférence navale de Genève, en juin 1927, M. Kazan Kayahara publiait, dans la revue Naïkan, ces lignes qui corrigent la doctrine un peu absolue de M. Yoshitomi : « Il est tout à fait stupide d’envisager une guerre avec les États-Unis qui sont notre meilleur client. Et, de plus, il est insensé de vouloir lutter pour égaler la puissante marine américaine. Le Japon n’a à envisager aucun casus belli avec les États-Unis. La question des émigrants n’est pas de celles qui se règlent avec les armes, car ce serait alors délibérément nous fermer tous les pays du monde. Quant aux États-Unis, quelque ambitieuse et agressive que soit leur politique, on ne voit pas ce qu’ils pourraient gagner à une guerre avec le Japon. Autant qu’on en peut juger par leur presse, par l’opinion des hommes sensés, les États-Unis n’ont aucune tendance à provoquer le Japon de propos délibéré et à faire éclater un orage sur le Pacifique, pourvu que le Japon ne lui cherche pas querelle.
    « Allons plus loin. Supposons une guerre avec l’Amérique dans laquelle le Japon triomphera. Pensez-vous que le Canada, l’Australie et la métropole britannique assisteraient les bras croisés à ce résultat ? Non. Alors pense-t-on que le Japon est de taille à battre toutes les forces anglo-saxonnes coalisées ?
    …Qu’on n’oublie jamais qu’il ne faut pas sacrifier les intérêts vitaux du pays à une vaine gloriole ou aux ambitions d’une caste ».