Page:Tessan - Le Japon mort et vif, 1928.pdf/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans le mariage. L’amour, tel qu’on le comprend aux États-Unis, ne jouait pas, jusqu’ici, chez nous, un rôle capital pour l’union de deux êtres. Il s’agissait bien plus de l’union de deux familles que de celle des individus intéressés. Les émotions et les mouvements d’âme des deux partenaires du drame n’étaient suivis avec aucune sorte d’intérêt par notre société. L’attitude exemplaire de notre prince a changé cela ; car, au Japon, ce que les gens d’en haut font influence les gens d’en bas. Aussi bien, ce « love-match » du Prince Impérial a été aussi important du point de vue de l’évolution des mœurs que du point de vue politique. Ce roman d’amour a eu des résultats aussi décisifs pour la vie japonaise que si l’on avait signé une déclaration des droits à l’indépendance ».

Le prince Hiro-Hito a gagné encore en libéralisme, en souplesse d’esprit, en prudence intellectuelle grâce à son voyage en Europe. Il est malaisé, pour un occidental, d’imaginer l’étonnement que pouvait ressentir l’héritier d’une longue dynastie des mikados en s’enfonçant dans les rangs des communs mortels d’une autre race, en se mêlant à des étrangers, en se laissant coudoyer par eux. Quand on songe à l’étiquette farouche d’autrefois, aux mesures de précaution prises pour protéger la vie de l’Empereur, au mystère dont on entourait ses moindres gestes, comment le fils de Yoshi-Hito n’aurait-il pas été surpris d’un tel changement dans sa propre allure et de toutes les révélations de la civilisation occidentale ?