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total, 30 000 étaient des Japonais nés en terre américaine.

Certains districts ruraux du Far-West ont été déjà délaissés. Il n’est pas douteux que, au moins pendant un temps, le départ des Japonais se fera sentir dans l’économie rurale des États du Pacifique. Les colons qui se sont accrochés là disparaîtront peu à peu et seront finalement perdus dans la masse américaine. Ils ne constitueront plus un noyau original.

L’argument essentiel des Américains a toujours été de soutenir que les Japonais ne prenaient de la civilisation occidentale que ce qui leur était utile, mais qu’ils ne s’assimilaient pas cette civilisation. Cette crainte s’est ancrée chez eux, qu’à la longue il se formerait un État dans l’État dans les provinces de l’Ouest et que la colonie japonaise active, capable, industrieuse, mais gardant ses qualités et ses caractéristiques asiatiques sous le vernis américain, constituerait un péril. Ils ont estimé que leur geste était un geste de conservation nationale.

Après les mouvements de colère provoqués par la brutale fermeture des États-Unis aux immigrants, les Japonais ont réfléchi et ils ont repris leur sang-froid. Leurs dirigeants, du reste, devant l’effervescence qui régnait au plus fort de la crise des relations avec l’Amérique, ont tout de suite estimé que leur devoir était de ne pas laisser les passions chauvines compromettre l’avenir. Ils ont conseillé, et même imposé le calme. Le préfet de police de Tokio, au lendemain de la promulgation de la loi améri-