Page:Tessan - Le Japon mort et vif, 1928.pdf/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Meiji, Waseda et Impériale, eurent lieu à Tokio où furent prononcés, devant une assistance considérable, des discours enflammés contre l’Amérique. Les associations bouddhiques de Kobé, Nagoya, Osaka protestèrent avec non moins de virulence. La Société des Eta (des parias) dont nous avons déjà parlé, envoya à l’ambassadeur Woods une délégation qui lui remit la déclaration suivante :

« Nous, représentants de 3 millions d’adhérents de la Société de Nivellement, qui met par-dessus tout le respect de la dignité humaine, nous vous demandons d’appeler l’attention de vos concitoyens sur l’injustice du Bill d’immigration. »

Un homme attaché aux anciennes traditions commit, en signe de réprobation, hara-kiri devant l’ambassade des États-Unis. Ce simple fait montre à quel degré d’exaltation étaient parvenus les sujets du Mikado.

Les nationalistes réclamaient l’expulsion des missionnaires américains, le boycottage des marchandises américaines, la formation d’une ligue asiatique pour riposter à l’affront des autorités américaines. Rarement, même aux jours dramatiques qui précédèrent la guerre avec la Russie, on assista à des scènes aussi émouvantes. Tout un peuple communiait dans la douleur et affirmait sa solidarité avec ses frères lésés par les États-Unis.

Le Nichi-Nichi de Tokio allait jusqu’à intituler l’un de ses éditoriaux : Possibilités de guerre.