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nous lamentions comme des enfants de n’être pas compris par les Américains et d’être lâchés par les Anglais. Aujourd’hui, — est-ce bien, est-ce mal ? — nous sommes devenus franchement sceptiques et raisonneurs, nous savons sourire quand on nous flatte, sourire encore lorsqu’on nous dénigre. Nous savons ne plus montrer aucune indignation devant les faits et gestes de l’Angleterre en Chine, ou à propos de ses machinations destinées à y ruiner notre commerce, à contrebattre notre aide aux aspirations chinoises et à soulever contre nous l’hostilité chinoise.

« Nous n’éprouvons aucune rancune contre les procédés commerciaux inamicaux des Anglais : nous ne sommes pas non plus autrement flattés ou joyeux à l’annonce que la Grande-Bretagne rechercherait de nouveau l’alliance qu’elle a volontairement dénoncée. Suivant l’expression favorite des Anglais, il nous plaît, pour le moment, d’attendre et de voir, « wait and see », ce qui sortira de là ! »

En faisant la part du persiflage que peut se permettre un journaliste — et non un diplomate — n’y a-t-il pas là un raisonnement qui découvre le fond de la pensée nipponne ?

Oui, les Japonais ont appris à compter surtout sur eux-mêmes et, s’ils sont quelque peu désabusés ce n’est point — on l’avouera — de leur faute. Cela ne les empêche pas de rester courtois et conciliants dans toutes les circonstances de la vie internationale. Cependant, ils entendent défendre leurs intérêts propres au milieu de l’économie asiatique. Pour cette expansion, ils