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À Washington, les représentants de l’Empire du Soleil Levant finirent aussi par admettre, sans trop de difficultés, pour les vaisseaux de première ligne la proportion de trois « capital ships » pour cinq à l’Angleterre et cinq aux États-Unis. Nous avons déjà fourni les raisons essentielles de cet esprit de conciliation en décrivant l’évolution politique japonaise et l’action personnelle de l’amiral Kato. Il n’est pas douteux que le Japon était animé d’un désir de haute moralité et souhaitait diminuer les chances de conflit fatalement provoquées par la course aux armements. Cependant, en dehors de cette considération humanitaire, il avait des motifs intérieurs pour prendre une telle position.

S’il avait continué son effort naval, avec des sacrifices croissants, ç’eut été au détriment de sa prospérité économique. Il devenait urgent, pour lui, de pratiquer des réformes radicales dans l’armée et la marine, non seulement afin d’obéir aux impulsions des partis démocratiques, mais pour dégager les organismes réellement congestionnés. Le traité de Washington fut l’occasion de coupes sombres dans le haut personnel naval. Dans les deux années qui suivirent l’accord, furent mis à la retraite ou obligés de quitter les cadres : 8 amiraux, 52 vice-amiraux, 99 contre-amiraux, 560 capitaines et lieutenants de vaisseau, 115 enseignes, 43 aspirants et 13 700 assimilés de divers grades. L’armée de terre fut semblablement allégée. Les deux grands clans — le clan Choshou pour l’armée et le clan Satsouma, pour la marine — ne purent intervenir