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wara, famille remontant à la déesse Amaterasu, fondatrice du Japon. Or, la princesse élue par le cœur de Hiro-Hito appartenait à la famille des Shimadzou, du clan Satsouma, opposé au clan Choshou lequel avait pour personnalité dominante le prince Yamagata. On devine la fureur de ce dernier qui mit tout en œuvre pour briser l’alliance qui allait se former et pour ameuter l’opinion publique.

Jamais roman d’amour ne suscita autant de polémiques, d’intrigues, de manœuvres de toutes sortes. Des professeurs, des philosophes, des moralistes furent lancés dans la mêlée par le prince Yamagata avec l’espoir de faire revenir Hiro-Hito sur sa décision. Un médecin militaire, même, le baron Ishigouro, tout dévoué aux intérêts du clan Choshou, ne craignit point d’envoyer au ministre de la Maison Impériale une lettre dans laquelle il soutenait que les parents de la princesse Nagako étaient atteints d’une maladie héréditaire, le daltonisme, et que, par conséquent, l’union projetée était infiniment dangereuse pour la dynastie.

Le prince Kouni, père de la fiancée, protesta hautement contre de telles allégations et invoqua l’avis des docteurs compétents qui, d’après les règles, avaient été préalablement convoqués pour examiner la future impératrice et qui l’avaient déclarée de constitution physique et morale parfaite.

À la Cour, les deux camps rivaux se livrèrent une lutte extrêmement sévère. Les adversaires du prince Yamagata dénoncèrent l’égoïsme de caste