Page:Tessan - Le Japon mort et vif, 1928.pdf/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sérieux ne put être pris par les Russes durant leur séjour. Les agents de la sûreté y mirent bon ordre. Au syndicat des imprimeurs, un leader japonais arriva à lâcher ces quelques mots : « Il ne nous est pas possible, vu l’attitude de la police, de vous exprimer ce que nous avons dans le cœur ! » À la minute même, l’auteur de cette déclaration était appréhendé et conduit au poste ! De guerre lasse, comprenant que les incidents se multiplieraient ainsi sans aucun profit, les syndicalistes russes reprirent le chemin de Moscou… Quand ils furent loin, le gouvernement japonais — qui a autant le sens de l’ironie que le souci de la politesse — présenta de vagues excuses à l’ambassadeur Kopp, sur le zèle intempestif de la police, qui avait été, paraît-il, au-delà des instructions reçues…

Au mois de novembre de cette même année 1925, la police découvrit que les Associations syndicales russes avaient envoyé deux chèques, d’une valeur totale de 148 000 yens (soit un million et demi de francs), pour aider à la propagande communiste et au mouvement d’émancipation en Corée. C’est à la suite de ce nouvel incident, que le Cabinet de Tokio repoussa la demande des Soviets tendant à obtenir l’immunité diplomatique pour trente-cinq délégués commerciaux russes, qui devaient s’établir dans diverses provinces du Japon, afin d’amorcer de prétendues relations d’affaires plus intimes entre les deux pays. On était plus perspicace à Tokio qu’à Londres, où l’Arcos s’était commodément installé.