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du monde, il s’est essayé à prendre la première place dans son propre milieu. C’est la Chine qui lui a servi de tremplin.

Sollicité par ses parrains occidentaux de participer à l’expédition contre les Boxers, en 1900, il se comporta très brillamment. Il fut ainsi reconnu l’un des champions de la plus haute civilisation. La défaite qu’il infligea aux Russes en 1904-1905, le classa définitivement au rang qu’il ambitionnait. Notons que c’est avec l’indemnité de 200 millions de taëls — somme considérable pour l’époque — reçue à la suite de la campagne de 1894, qu’il réorganisa sa marine, qu’il doubla les effectifs de son armée, qu’il se procura le matériel destiné, un peu plus tard, à battre les Russes. Le traité de Portsmouth montra que les États-Unis et, aussi, l’Angleterre (bien que plus discrètement) s’effrayaient des succès trop rapides de l’Empire japonais, dont ils limitèrent les effets par une pression concertée.

En 1911, ce fut l’annexion de la Corée qui permit au Japon de se développer encore dans le cadre asiatique. Enfin, la grande guerre lui offrit l’occasion, en 1915, de s’installer à Tsing-tao aux lieu et place de l’Allemagne, et d’aboutir au Traité des vingt et une demandes imposé à la Chine en plein désarroi, traité qui, s’il avait été exécuté, aurait simplement réduit les 350 millions de Chinois à la vassalité ! Ce document est un chef-d’œuvre d’impérialisme. Il découvre bien la soif ardente de domination qui, à ce moment-là, dévorait les dirigeants de Tokio.

Mais ces choses sont loin… La guerre a passé.