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rien briser avec les puissances européennes et avec les États-Unis.

Il s’en est tenu à cette ligne de conduite réaliste, refusant d’entrer en hostilité avec la Russie, et refusant aussi de se solidariser entièrement avec les peuples anglo-saxons pour le règlement des affaires de Chine. Ce qu’il veut, c’est, à la fois, l’ordre en Extrême-Orient et le maintien de ses droits spéciaux sur le Liao-Tung et la Mandchourie. Il souhaite qu’aucune domination étrangère ne s’implante en Asie et, cependant, il ne peut laisser le bolchévisme travailler impunément au bouleversement d’un continent où il possède tant d’intérêts matériels et moraux. Il se trouve être le gardien des progrès accomplis au nom de la modernisation des États et le protecteur de la race jaune. Son rôle est de sauvegarder l’apport des méthodes occidentales en même temps que la liberté du monde asiatique. C’est là une position infiniment délicate et qui oblige les diplomates nippons à déployer toutes leurs qualités de souplesse pour ne pas être pris dans de redoutables équivoques et pour ne pas aggraver les conflits qu’ils désirent résoudre.

Personne ne nie aujourd’hui que le Japon soit la première puissance du Pacifique. Or, c’est grâce à la guerre menée victorieusement contre la Chine, à propos de la réforme de la Corée, en 1894, qu’il a commencé à s’imposer à l’attention des nations. Ayant rêvé d’imiter l’Occident, de s’adapter à la lutte politique, de manier les armes nouvelles, c’est en Chine qu’il a étrenné sa jeune audace. Avant de compter parmi les grands pays