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tion. Le Japon occupe une place unique qui commande les relations des deux groupes. C’est ainsi que le rustre d’hier est en train de devenir l’homme de la grande ville. »

Nous avons cité cette opinion parce qu’elle correspond à l’orgueil et à l’espérance de trop de Japonais qui ignorent la vitalité, la force des traditions, l’immensité des ressources dont disposent encore les Européens. Mais elle aide à mieux pénétrer les ressorts secrets de l’asiatisme.

Il est vrai que d’autres Japonais ne partagent pas le jugement si défavorable aux Européens de M. Tadanao Nakayama. Ils se rendent mieux compte de la valeur de la civilisation occidentale. L’an dernier, un anthropologiste américain, le Dr Frederick Starr, fit une conférence à Tokio en prenant pour sujet « Le Japon est-il vraiment oriental ? » Il soutint que ce pays avait lutté contre ses tendances naturelles en adoptant notre civilisation et qu’il eut mieux agi en conservant plus étroite sa parenté avec les peuples asiatiques au lieu de rechercher les exemples et les amitiés de l’Angleterre, de la France ou des États-Unis : Il lança ce pronostic que « si le Japon s’évertuait à jouer un rôle d’homme blanc dans un monde d’hommes blancs, il aurait le même sort que l’Allemagne ».

Cette conférence du Dr Frédéric Starr, prononcée au Pan-Pacific Club, souleva d’ardentes controverses. Un journaliste japonais, notamment, lui répondit dans le Japan Advertiser (14 décembre). Il insista dans sa réplique sur le fait que l’empire mikadonal avait emprunté