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dissensions intestines des peuples d’Extrême-Orient et leur éloignement du but proposé — était esquissée la Société des hommes jaunes. Une organisation visant à l’indépendance de millions et de millions de gens jusqu’ici réfractaires à une politique commune se dessinait.

Certes, il ne convient ni d’exagérer les résultats du Congrès de Nagasaki et de les dresser en épouvantail devant l’Europe, ni de se contenter d’en noter les péripéties ridicules. Avant que la Société des Nations du Pacifique fonctionne réellement, que de temps s’écoulera ! Mais c’est un avertissement…[1]

D’ailleurs, cet esprit panasiatique pourrait ne pas évoluer dans un sens fatal aux intérêts occidentaux, si les peuples de race blanche considéraient avec plus de libéralisme les revendications des nations d’Extrême-Orient. Le Japon, si on l’y aidait intelligemment, ne demanderait pas mieux, au fond, que de servir de trait d’union entre les deux mondes et que d’éviter les chocs plus ou moins lointains que d’aucuns prophétisent. Écoutez ce que disait à ce sujet M. Sugimura, l’un des diplomates les plus avertis de ce pays : « Si les nations de l’Europe faisaient un dixième des efforts que les Japonais ont consacrés à la compréhension de la civilisation européenne, elles pourraient mieux apprécier notre civilisation. Cette compréhension réciproque et le respect mutuel qui s’ensuivrait entre les

  1. Le deuxième Congrès pan asiatique s’est tenu à Changhai, du 1er au 4 novembre 1927.