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D’âpres débats s’élevèrent également au sujet d’une proposition relative à l’adoption d’un drapeau commun à toute l’Asie. La délibération ne fut pas moins vive autour d’une motion qui réclamait une langue unique — dans le genre de l’esperanto — pour l’Extrême-Orient. Des savants promirent de trouver le mécanisme de cette langue qui faciliterait les communications, verbales entre jaunes.

Les incidents qui se sont déroulés à Nagasaki ne sauraient, toutefois, nous faire oublier les tendances qui s’y sont affirmées. À travers les joutes oratoires et en dépit des quelques épisodes de jiu-jitsu qui ont troublé le congrès, le désir de s’émanciper de toute souveraineté européenne et de former un front unique a été marqué.

Un délégué chinois n’a-t-il pas proposé aux adhérents à la Ligue asiatique de prendre l’engagement d’aider les Indes et les Philippines à reconquérir leur indépendance ? Il est vrai que, par prudence, les Japonais ont protesté. Ils redoutaient des manifestations nuisibles à leurs relations avec l’Amérique et la Grande-Bretagne.

Le monde officiel de Tokio s’abstint prudemment de prendre part à ce Congrès, et il affecta même de le traiter comme un événement sans grande portée.

La police veillait. Elle n’eût pas toléré que cette discussion prit un tour susceptible de créer des difficultés internationales. Mais comment ignorer l’état d’esprit de la plupart des délégués des nations asiatiques représentées à Nagasaki ? Pour la première fois, — quelles que soient les