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Elles doivent, pendant une période, se contenter de la solidarité de race. L’Asie en est à l’époque de l’Asiatisme, comme l’Europe a dû franchir l’étape de l’européanisme et comme l’Amérique aura son temps d’américanisme. »

Connaître mieux ses voisins, d’abord, est important avant de regarder plus loin. Le Dr Masataro Sawayanagi conseillait à ses compatriotes de ne pas l’oublier : « L’attitude observée vis-à-vis des délégués japonais à la Conférence de la Paix, poursuivait-il, dévoile la pensée des gens d’Occident disposés à nous traiter en étrangers plutôt qu’en égaux. Peut-être n’y a-t-il pas de mauvaise intention de leur part, mais nous avons ressenti cet isolement. Les délégués occidentaux ont tant de points de contact qu’il est, après tout, naturel qu’ils s’entendent mieux entre eux qu’avec nous… »

Ayant rappelé que les nations devaient lutter à l’intérieur même pour dissiper les préjugés de classe, installer la véritable démocratie, faire triompher le libéralisme, l’écrivain japonais en revenait à son leit-motiv : « Notre but, c’est l’asiatisme, qui constituera l’étape la plus importante vers le cosmopolitisme… Les nations occidentales redoutent les Orientaux. L’opposition du premier ministre d’Australie à la race jaune en est la preuve. Lorsque le Kaiser inventa le spectre du « péril jaune » il confessa naïvement la frayeur que l’Asie inspirait à tous. C’est un cauchemar qui trouble le cœur des Occidentaux. Si l’on ne prend pas des précautions, cet état d’esprit est de nature à provoquer une guerre