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lièrement… Il suffit, pour s’en convaincre, de relire quelques-uns des articles qui furent alors publiés. Dans le Japan Magazine de juillet 1919, M. Shoji Fujii expliquait à ses compatriotes qu’il devenait urgent de s’organiser sur le plan asiatique, puisque les puissances avaient négligé de résoudre les problèmes capitaux : « La formule l’Asie aux Asiatiques peut facilement prêter, disait-il, à de fausses interprétations. C’est, en effet, une manière inexacte d’exprimer nos vues politiques. Une doctrine de Monroe pour l’Extrême-Asie se comprend mieux et laisse moins de place à l’ambiguité. On n’a pas à lui donner le sens d’une menace dirigée contre les intérêts anglais dans l’Inde, pas plus qu’on ne saurait prétendre que la doctrine américaine de Monroe menace les intérêts britanniques au Canada. Jusqu’ici, les publicistes et les orateurs japonais ont apporté des réticences dans l’exposé de cette thèse ; néanmoins, depuis la guerre européenne, ils sont plus francs, et plus disposés à aborder ce sujet. La guerre a soulevé un intérêt quasi universel en faveur du droit qu’ont les peuples à disposer d’eux-mêmes. Cette idée a été chaleureusement accueillie au Japon et en Chine, car nous voyons là un moyen d’affirmer notre indépendance à l’égard de toute pression occidentale. Nous avons autant soif de liberté que l’Angleterre, la France, l’Italie ou l’Amérique. Les Orientaux qui ont fait autant que les autres races pour gagner la guerre doivent, en conséquence, être traités sur le même pied que les nations occidentales, et jouir des mêmes droits.