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liste japonais. C’est pourquoi les disciples d’Okakura Kakuzo voudraient, pour les amener à une efficace collaboration, faire miroiter à leurs yeux le avantages qui les engagent à s’allier sous la suprématie intellectuelle du Japon. Le sentiment de révolte des peuples de couleur contre l’Occident est un sentiment négatif. On ne saurait s’en contenter. Pour se retrouver et se reconstruire, le monde asiatique a besoin d’idées positives et de matériaux solides. Seul, l’Empire des Sources du Soleil est, pour le moment, en état de fournir ces idées et ces matériaux ; mais, encore un coup, sa tutelle suscite tant de craintes et de jalousies qu’il se trouve par là même assez mal handicapé.

Aussi bien, les Japonais partisans de l’Asie aux Asiatiques se sont surtout appliqués, depuis la dernière guerre, à développer ce thème d’une doctrine de Monroe adaptée à l’Extrême-Orient sous le contrôle de leur pays.

La désillusion que leur apporta le Traité de Paix où ne fut pas solennellement inscrite l’égalité des races, le spectacle des divisions européennes, les crises qui agitèrent l’Occident après l’effroyable tension subie pendant plus de quatre années de combats, incitèrent ces critiques à de sévères considérations. Les délégués du Japon s’étaient rendus à Paris pour les négociations de Paix avec enthousiasme et dans l’espoir qu’un code de fraternité humaine sortirait des délibérations des vainqueurs. Ce fut, pour eux, une déception cruelle de constater que l’on écartait les questions qui les touchaient particu-