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vous aurez de quoi satisfaire votre faim et votre soif ».

Cela permet de saisir la politique d’expansion économique et la politique coloniale qui est actuellement poursuivie. Les Japonais, ayant acquis une situation privilégiée en Mandchourie, grâce au traité de 1905, ont d’abord tenté la colonisation agricole du pays et poussé leurs affaires en Mongolie. Ils y ont dépensé des sommes considérables en se servant de l’instrument de pénétration que leur offrait le chemin de fer de la Mandchourie du Sud. Ils s’étaient imaginé qu’ils arriveraient à dominer politiquement ces provinces — qui comptent 22 millions de Chinois — et à les assimiler. Mais ils se sont heurtés à des difficultés sans nombre. Ils ont installé 200 000 colons. Cependant, la pratique leur a démontré que ces colons s’acclimataient difficilement, qu’ils ne pouvaient lutter contre le bas prix de la main-d’œuvre chinoise pour les besognes rurales, qu’ils ne parvenaient pas à s’imposer à une population indigène dont les habitudes séculaires et l’inertie foncière ne se pliaient pas à leurs règles. Ils ont compris que la Mandchourie ne serait pas pour eux un déversoir d’hommes, mais simplement une terre d’expériences économiques, un vaste marché absorbant leurs marchandises, une source de richesses variées, à condition de ne pas s’imposer brutalement aux Chinois. Ceux-ci doivent être amenés progressivement à une collaboration intéressée sans que soit heurté le sentiment national. Cette évolution de la tactique japonaise a été net-