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japonaises. C’est toujours la même exquise pureté des lignes dans les appartements dont le toko-noma constitue l’ornement principal ; la même netteté de décor ; les fins tatamis recouvrant l’aire des pièces ; les mêmes cloisons ou shodjis séparant, symétriquement, la multiplicité des chambres. Le goût classique persiste. Mais l’électricité a recruté de nombreux abonnés dans les quartiers naguère les plus pauvres[1]. L’eau et le gaz sont aussi amenés plus aisément à domicile par les services publics. La voirie est beaucoup plus soignée. La rue a perdu, du même coup, quelques-uns de ses types pittoresques… On ne voit plus guère les vidangeurs portant, en longues séries, des seaux d’où se dégageaient des odeurs nauséabondes. Les chiffonniers n’opèrent plus individuellement. Les porteurs d’eau ont disparu partout où les canalisations prodiguent l’eau à volonté. Tokio est balayée, nettoyée, dégagée de ses poubelles et de ses impuretés, comme Paris, durant la nuit.

Ce qui change l’aspect de la grande ville nipponne, c’est son architecture générale. L’influence occidentale s’y exprime à chaque pas et, aussi, l’influence américaine. Pour toutes les constructions d’importance, le ciment armé a remplacé les armatures de bois. Les Japonais ont envoyé des étudiants suivre les cours des écoles des Beaux-Arts en France, en Angleterre, en

  1. Le Japon arrive immédiatement après les États-Unis et avant l’Allemagne pour l’usage de l’éclairage électrique. On compte 23 millions de maisons qui reçoivent ainsi la lumière, Tokio et Osaka tiennent naturellement la tête, pour le nombre des abonnés.