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minée un tas de bûches et de fagots secs, l’innombrable travail du feu appliqué avec une allégresse et une énergie épouvantables à son œuvre dévorante. Rien ne lui échappera cette nuit… »

À ce spectacle poignant, d’autres spectacles plus émouvants s’ajoutèrent : ceux de toutes les misères provoquées par la catastrophe, des blessés que l’on essayait d’évacuer, des égarés, des désespérés, des demi-fous : de tous ces pauvres gens chassés, — et dans quelles conditions ! — de leurs demeures.

Oui, une fois de plus, le Japon justifiait son surnom fatidique. S’il est le pays chéri des dieux, le pays des délices printanières, le pays des plus exquises poésies, il est, hélas ! en même temps, le Tensaï-Kokou, le pays des cataclysmes. Dans la première semaine de mars 1927, c’était au tour de la province de Tango d’être éprouvée plus particulièrement. Un communiqué du Ministère de l’Intérieur indiquait, par suite de ce tremblement de terre, 2 300 tués et 3 500 blessés. Quant aux dégâts, ils se chiffraient ainsi : 3 606 maisons détruites et 1 657 endommagées par le séisme.

Mais que sont ces chiffres à côté des statistiques de 1923 ! À Tokio, près de la moitié de la ville avait été rasée : 200 000 maisons n’existaient plus après les journées de septembre. 1 500 000 individus s’étaient trouvés subitement sans abri ; on avait ramassé 65 000 cadavres. Le nombre de ceux qui avaient disparu dans la fournaise et qui s’éteint noyés, était évalué à