Page:Tessan - Le Japon mort et vif, 1928.pdf/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VI

CATACLYSMES ET RECONSTRUCTION


Une légende populaire prétend que la déesse Amaterasu O mi Kami a emprisonné, sous la terre du Japon, un monstre gigantesque — poisson ou dragon, on n’est pas bien fixé — qui frissonne dès que la déesse soulève le bras. Il suffit d’un geste pour que le monstre soit calmé… Mais, quand il s’agite, que de désastres ! Toute la terre est ébranlée, la panique règne chez les humains, la fureur des éléments accumule les ruines… En vérité, cette légende exprime bien la douleur des impitoyables surprises que subissent les Japonais, la tyrannie à laquelle ils sont livrés et qui fait d’eux les jouets de forces naturelles à l’indomptable fantaisie, la multiplicité des chocs qu’ils reçoivent et des alarmes qui les troublent. Il n’y a qu’un monstre, obéissant aux secrets desseins de la divinité, pour déchaîner de pareils cataclysmes.

Aussi bien, les habitants de l’archipel — qu’ils croient, dans la simplicité de leur âme, à la vieille légende, où qu’ils aient une conception plus scientifique de ces bouleversements — vivent tous sur un perpétuel qui-vive. Un dicton