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certain degré de prospérité, il s’insurge. C’est ainsi que la secte Jodo a mené une très vigoureuse campagne, en 1923, lorsqu’il fut question d’envoyer une ambassade au Vatican. Les autres sectes prirent aussi parti contre ce projet. Des personnalités importantes comme le prince Saionji, le vicomte Kuroda, le baron Tjouin soutenaient la thèse de la présence, exactement comme M. de Monzie chez nous. Le Japon, disaient-ils, doit être représenté auprès de toutes les forces temporelles ou spirituelles du monde. Toutefois, les 140 000 yens demandés pour l’établissement de l’ambassade auprès du pape furent refusés, la majorité des députés redoutant des représailles électorales de la part des bonzes et de leurs fidèles.

La question n’est pas close. Elle sera certainement reprise[1]. M. Matsuoka a fait paraître récemment dans la revue diplomatique le Gwaiko Jiho, un article où il exprime l’espoir que le Japon sera un jour représenté au Vatican. Mais l’opposition soutient que Rome a toujours trop de tendances à s’ingérer dans la politique des pays étrangers, qu’un ambassadeur du Pape à Tokio ne manquerait pas de suivre cette règle et d’apporter du trouble dans les affaires japonaises.

Ces polémiques éclairent la psychologie japo-

  1. Le Vatican poursuit son œuvre de rapprochement avec le Japon. Le 30 octobre 1927, Pie XI a consacré de ses propres mains, dans la basilique de Saint-Pierre, le premier évêque indigène, Mgr Hayasaka. C’est un geste d’une portée politique indiscutable, geste destiné à encourager les partisans de l’expansion catholique en Extrême-Orient.