Page:Tertullien - De praescriptione haereticorum, trad de Labriolle, 1907.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

verez ». Il est manifeste que la suite aussi s’applique aux Juifs : « Frappez et l’on vous ouvrira. » [8] Précédemment les Juifs étaient chez Dieu ; mais chassés ensuite à cause de leurs fautes, ils commencèrent à être hors de chez Dieu. [9] Les Gentils, eux, ne furent jamais chez Dieu, si ce n’est « une goutte d’eau d’un vase », « un grain de poussière d’une aire », et toujours au dehors. [10] Mais celui qui est toujours dehors, comment frappera-t-il là où il n’a jamais été ? Connaît-il une porte qu’il n’a jamais franchie ni pour entrer ni pour sortir ? N’est-il pas vrai que celui-là frappera plutôt, qui sait qu’il a été à l’intérieur et qu’il en a été chassé, et qui connaît la porte ?

[11] Le « Demandez et vous recevrez » convient bien aussi à celui qui savait à qui il fallait demander et par qui une promesse avait été faite, c’est-à-dire au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, que les Gentils ne connaissaient pas plus que ses promesses. [12] Et voilà pourquoi le Seigneur disait à Israël : « Je n’ai été envoyé que pour les brebis perdues de la maison d’Israël. » [13] Il ne jetait pas encore aux chiens le pain de ses enfants. Il n’avait pas encore ordonné d’aller dans le chemin des Gentils. [14] Si, à la fin, il ordonna à ses disciples d’aller enseigner et baptiser les nations dès qu’ils auraient reçu le Saint-Esprit, le Paraclet qui devait les conduire à toute vérité, cela tend au même but. [15] Si les apôtres eux-mêmes, docteurs destinés aux nations, devaient recevoir pour docteur le Paraclet, ces paroles : « Cherchez et vous trouverez » deviennent encore plus superflues pour nous, puisque la doctrine sainte devait nous arriver par les apôtres,