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matière est égalée à Dieu, c’est la doctrine de Zénon. Là où l’on parle d’un dieu igné, Héraclite intervient. [5] Ce sont les mêmes sujets qui sont agités chez les hérétiques et chez les philosophes, les mêmes enquêtes que l’on enchevêtre. D’où vient le mal, et quel en est la cause ? D’où vient l’homme, et comment est-il venu ? ou encore la toute récente question proposée par Valentin : d’où Dieu vient-il ? Eh bien, c’est de l’enthymèse et de l’ectroma !…

[6] Pitoyable Aristote qui leur a enseigné la dialectique, également ingénieuse à construire et à renverser, fuyante dans ses propositions, outrée dans ses conjectures, sans souplesse dans ses raisonnements, lutte laborieuse qui se crée à elle-même des difficultés et qui remet tout en question de peur de rien traiter à fond !

[7] De là ces fables, ces généalogies interminables, ces questions oiseuses, ces discours qui s’insinuent comme le cancer. L’apôtre, quand il veut nous en détourner, affirme que c’est contre la philosophie (il la nomme expressément) qu’il faut nous mettre en garde. Veillez, écrit-il aux Colossiens, que personne ne vous trompe par la philosophie et par de vaines séductions, selon la tradition des hommes » et contrairement à la providence de l’Esprit saint. [8] C’est qu’il avait été à Athènes et il avait appris dans le commerce des philosophes à connaître cette pauvre sagesse humaine qui se pique de chercher la vérité, ne fait que la corrompre, et, par la diversité de sectes irréductibles l’une à l’autre, se partage en une foule d’hérésies dont elle est la source.

[9] Quoi de commun entre Athènes et Jérusalem ?