Page:Tertullien - De praescriptione haereticorum, trad de Labriolle, 1907.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus grand, il a cru facilement à la réalité d’un mal moindre), cela ne veut évidemment pas dire qu’il a cru à ces maux parce que les hérésies sont bonnes : mais il voulait les avertir, par la perspective de tentations plus graves encore, qu’il ne fallait pas s’étonner de celles-là qui aboutissaient, disait-il, à faire reconnaître les âmes éprouvées, c’est-à-dire les âmes qui y demeuraient rebelles. [4] Enfin, si l’esprit de tout le chapitre tend à maintenir l’unité et à réprimer les dissidences et que les hérésies ne rompent pas moins l’unité que les schismes et les dissensions, il a donc enveloppé les hérésies dans les mêmes censures que les schismes et les dissensions. [5] Et par suite, il ne présente pas comme dignes d’approbation ceux qui se détournent vers les hérésies, puisqu’il exhorte avec force à s’en éloigner et qu’il recommande de parler et de penser tous de même ; or c’est justement ce que l’hérésie ne permet point.

VI. Inutile de nous appesantir sur ce point, si c’est le même Paul qui, ailleurs, dans son Épître aux Galates, compte les hérésies parmi les crimes de la chair, et qui conseille à Tite de rejeter un hérétique après une première admonition, parce qu’un tel homme est perverti et qu’il pèche, étant condamné par son propre jugement. [2] Dans presque toute la lettre, Paul insiste sur le devoir de fuir les fausses doctrines et par là même il blâme les hérésies dont ces fausses doctrines sont l’œuvre ; les « hérésies » sont ainsi appelées en grec dans le sens de choix, le choix par où l’on se met à les enseigner ou à les apprendre. [3] Voilà pourquoi il dit que l’hérétique porte condamnation contre soi-même, parce