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idées, ces esprits astucieux qui, dans l’Église même, se dissimulent pour infester le troupeau du Christ ? [4] Quels sont les « faux prophètes », sinon les prédicateurs de mensonge ? Quels sont les « faux apôtres », sinon ceux qui annoncent un évangile adultéré ? Quels sont les antéchrists, maintenant et toujours, sinon ceux qui se rebellent contre le Christ ? [5] Voilà ces hérésies qui ne harcèlent pas moins l’Église par la perversité de leurs doctrines que l’antéchrist ne la déchirera un jour par l’atrocité de ses persécutions, avec cette différence que la persécution fait du moins des martyrs, tandis que l’hérésie ne fait que des apostats !

[6] C’est pour cela qu’il fallait qu’il y eût des hérésies, afin que les justes fussent mis en lumière, tant ceux qui auraient tenu bon dans la persécution que ceux qui n’auraient point dévié vers les hérésies. [7] Car [l’apôtre] ne veut pas que l’on considère comme gens éprouvés ceux qui troquent leur foi contre l’hérésie : telle est pourtant l’interprétation que nos adversaires donnent d’une autre de ses paroles : « Examinez toutes choses ; retenez ce qui est bon ». Comme s’il n’était pas loisible à ceux qui examinent mal de donner par erreur dans un mauvais choix !

V. Du reste, s’il blâme les discussions et les schismes qui sans aucun doute sont choses mauvaises, il y ajoute incontinent les hérésies. [2] En les adjoignant à des choses mauvaises, il montre par le fait même qu’elles sont mauvaises et même pires. [3] Quand il déclare qu’il croit ce qu’on lui apprend des schismes et des dissensions [à Corinthe] parce qu’il sait qu’il faut qu’il y ait des hérésies (car il montre qu’en face d’un mal