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nous effrayer d’abord du fait de leur existence. Tant qu’elles existent, elles disposent de ce pouvoir, et tant qu’elles ont ce pouvoir, elles ont aussi l’existence. [3] Mais voilà ! comme chacun sait que la fièvre est un fléau et par sa cause et par ses effets, nous l’abhorrons plus que nous n’en sommes étonnés, et nous nous en garons dans la mesure du possible, faute de pouvoir l’extirper à notre gré. [4] Tandis que devant les hérésies qui apportent la mort éternelle et l’ardeur d’un feu autrement redoutable, certaines gens préfèrent s’étonner de leurs grands effets au lieu de paralyser ces effets en s’y soustrayant : ce qui dépend d’eux. [5] Au surplus elles perdront toute leur influence, s’ils cessent de s’émerveiller qu’elles en aient tant. C’est ou bien leur étonnement qui les induit à se scandaliser ; ou le scandale éprouvé qui les incite à se frapper, comme si une force si active ne pouvait venir que de quelque vérité. [6] Il serait surprenant en effet que le mal eût une force qui lui fût propre ; mais les hérésies ne sont si fortes que sur ceux dont la foi est faible. [7] Dans les combats d’athlètes et de gladiateurs, la plupart du temps le vainqueur triomphe non pas parce qu’il est fort ou invincible, mais parce que le vaincu était sans vigueur. Aussi arrive-t-il à ce vainqueur, mis ensuite aux prises avec un solide gaillard, de se retirer vaincu. [8] Il n’en est pas autrement des hérésies : elles tirent toute leur force de la faiblesse de quelques-uns, mais elles sont sans vigueur contre une foi vigoureuse.

III. La défection de certaines personnes conquises par l’hérésie est ce qui précipite communément la ruine de ces naïfs. [2] Pourquoi cette femme, pour-