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LA PRESCRIPTION CONTRE LES HÉRÉTIQUES

I. La condition des temps présents m’oblige encore à rappeler qu’il ne faut pas nous émouvoir de ces hérésies, tant pour ce qu’elles existent, — puisque leur venue a été prédite, — que pour ce qu’elles renversent la foi de quelques-uns, — puisqu’elles n’ont d’autre fin que d’éprouver la foi en la soumettant à la tentation. [2] C’est donc sans raison et faute de réfléchir que la plupart se scandalisent de voir les hérésies prendre une pareille influence. Quelle influence auraient-elles, si elles n’existaient point ? [3] Quand le sort a décidé que telle chose doit être de toutes façons, de même qu’une cause lui est assignées en raison de laquelle elle existe, pareillement elle reçoit l’essence qui la constitue et qui rend sa non-existence impossible.

II. Ainsi la fièvre est comptée parmi les principes de mort et de souffrance qui tuent l’homme. Nous ne nous étonnons ni de ce qu’elle existe : elle existe en effet ; ni de ce qu’elle tue l’homme : c’est à cette fin qu’elle existe. [2] Donc les hérésies n’étant faites que pour énerver et faire périr la foi, au lieu de nous effrayer qu’elles en aient le pouvoir, nous devrions