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est une autre, infiniment préférable[1]. L’expérience prouve que la dispute fait communément du mal aux âmes. Contre ce fait, il n’est pas de considération, quelque spécieuse soit-elle, qui puisse prévaloir : la dispute doit être proscrite ! — Point de vue qui paraît bien avoir été celui auquel s’en sont tenus, avec quelques précisions supplémentaires, les représentants modernes les plus qualifiés de l’autorité catholique. Ils ont peu cru, en général, à la vertu de la discussion avec les hétérodoxes, et, sauf quelques cas exceptionnels, ils l’ont interdite sous des peines sévères[2]. Là encore, Tertullien a

  1. XIV, 5 : « Cedat curiositas fidei, cedat gloria saluti. »
  2. On peut voir sur cette question le Manuale cité plus haut, de Becan, p. 688 et suiv. Voici l’essentiel du chapitre. Question posée : An liceat cum haereticis disputare de fide ? Réponse : quelquefois non, quelquefois oui. Non : 1o  quand le laïc qui discute n’a pas une intention droite, c’est-à-dire quand il discute « tanquam de fide dubitans » [comparez De Praesc., ch. IX et XIV] ; 2o  quand il a chance d’être insuffisant à soutenir la dispute ; 3o  quand il y a péril pour les auditeurs présents au débat : « Nam facilius percipiunt (simpliciores) plausibilia haereticorum argumenta, quam subtiles ac solidas Catholicorum solutiones, et ideo incipiunt dubitare aut vacillare in fide » [cf. De Praesc., XVIII] ; 4o  quand l’obstination bien connue de l’hérétique ne permet d’espérer aucun fruit du débat [cf. De Praesc., XVII]. — Oui : 1o  quand le laïc est assez rompu à ce genre d’exercice pour être certain de ne scandaliser personne ; 2o  quand l’hérétique cherche à corrompre les