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la condition absolue du bon fonctionnement des services.

— Et de ce besoin d’harmonie concertée résulte pour lui très clairement l’absolue nécessité de limiter les droits de la spéculation. Qu’est-ce au fond que l’hérésie ? c’est (tout comme la philosophie profane) le fruit du travail présomptueux de l’esprit humain qui croit pouvoir arriver au vrai par ses seules forces. Mais le Christianisme n’est pas matière à spéculation. C’est (Tertullien l’avait dit ailleurs) un negotium divinum[1], prima sapientia[2]. Le tout est d’y arriver, et une fois qu’on y est venu, de s’y tenir. Mais après la vérité conquise, c’est raison et justice de ne plus la remettre en question. Il y a sous la curiosité où quelques-uns se complaisent, ou bien un certain détachement à l’égard de l’objet de la foi, ou bien une inquiétude sur la valabilité de ses titres. Ceux qui sentent véritablement leur croyance n’ont pas ce besoin de se la démontrer. En dehors du cercle des vérités fondamentales (dont il est licite d’inventorier les richesses et d’éclaircir les obscurités), toute recherche ne peut que s’égarer. — Par suite, défense d’entrer en controverse avec l’hétérodoxe. Bien disputer est une chose, mais bien vivre en

  1. Apol., XLVI.
  2. Ad Nationes, I, 4.