Page:Tertullien - De praescriptione haereticorum, trad de Labriolle, 1907.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Praescriptione, sinon une exaltation de l’Église vivante et enseignante ? Et, en effet, ce qui ressort de tout le traité, c’est que la certitude en matière de foi est constituée, non pas par la lettre même des Écritures, sur laquelle l’astuce hérétique sait toujours élever des contestations, mais par les décisions de l’Église, dépositaire de la vraie doctrine. « Ubi enim apparuerit esse veritatem disciplinae et fidei Christianae, illic erit et veritas scripturarum, et expositionum, et omnium traditionum Christianorum[1]. » Voilà constitué le « bloc » catholique ! « L’Écriture sainte, observe le théologien allemand Mœhler à propos de Tertullien lui-même, n’était donc pas regardée comme différente de l’Évangile vivant, la tradition orale, comme différente des Évangiles écrits, comme une source différente de ceux-ci : de part et d’autre, c’étaient la parole et la doctrine du Saint-Esprit, transmises aux fidèles par les Apôtres, et ces deux espèces de la parole divine étaient considérées comme n’en formant qu’une, comme essentiellement inséparables. Ainsi, lorsque des hérétiques qui s’étaient écartés de l’Évangile vivant de l’Église, en appelaient à l’Écriture sainte, on leur répliquait qu’ils ne pouvaient se référer à ce qu’ils ne comprenaient pas, puisque, n’ayant été composée que dans le sein de

  1. De Praesc., XIX, 3.