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eux-mêmes choisie[1]. De là la prudence des théologiens modernes à user d’un argument dont ils ont appris à connaître les manques et qu’ils se gardent de transformer en panacée[2].

VII. Si l’on jette un coup d’œil d’ensemble sur cette œuvre si riche de pensée, malgré les réserves qu’il convient de formuler sur la thèse fondamentale qui y est incluse, on ne saurait être surpris de la longue faveur qu’elle a rencontrée. Aucun, opuscule de Tertullien n’est plus profondément catholique par ses tendances, par les postulats qu’il implique, par les idées maîtresses qui lui servent de substructure ou de couronnement. — 1o  Et d’abord, nul traité plus dogmatique, je veux dire où soit plus souvent mentionné ce fait qu’il y a une regula fidei d’un contenu précis, d’une « forme » déterminée, qui s’est historiquement manifestée dans telle et telle condition, et à laquelle l’esprit du croyant est absolument contraint de se conformer. À deux reprises, Tertullien donne le détail de ce Credo inéluctable, et il a le plus grand soin, au cours de sa discussion, d’en rappeler chaque fois qu’il le peut la

  1. Pour tout ce développement, je renvoie à mon article, l’Argument de Prescription dans la Revue d’Hist. et de Littér. relig., 1906, p. 497 et suiv.
  2. Cf. article cité, p. 512 et suiv.