Page:Tertullien - De praescriptione haereticorum, trad de Labriolle, 1907.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bourg utilisèrent[1] eux aussi le compendium praescriptionis. En un certain sens, ce procédé pouvait leur paraître supérieur même au fameux « canon » de Vincent de Lérins. Alléguer le quod ubique, quod semper, quod ab omnibus, c’était provoquer aussitôt une série d’enquêtes sur le point de savoir si telle affirmation doctrinale avait été réellement soutenue par la majorité des Pères. La règle de Tertullien était plus expéditive : oui ou non, l’Église a-t-elle été sans interruption dépositaire de la foi et des Écritures ? Si oui, inutile de plaider davantage, la cause est entendue.

Cette procédure séduisait les esprits par son allure autoritaire et péremptoire. Au surplus, on aurait tort d’en exagérer la valeur philosophique, et même la valeur pratique en tant qu’arme de conquête ou que moyen de « prophylaxie » contre l’erreur. Se refuser à la discussion est un beau geste. À un moment donné il faut se résigner à discuter pourtant, et l’exemple de Richelieu, de Nicole, etc., tout comme celui de Tertullien, nous prouverait aisément qu’ils n’ont pu tenir jusqu’au bout dans la position qu’ils avaient

    chant l’Eucharistie, 1669-1676 ; les Préjugés légitimes contre les Calvinistes, Paris, 1671 ; les Prétendus Réformés convaincus de schisme, 1682.

  1. Méthode pacifique pour ramener sans dispute les protestants à la vraie foi sur le point de l’Eucharistie, Paris, 1670.