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catholique. Pour se rendre compte de l’état d’esprit des catholiques qui se tournaient ainsi vers ce traité, il suffit au surplus de lire les notes que Migne a empruntées aux commentateurs du xvie et du xvie siècle. On y voit leur constante préoccupation d’appliquer aux doctrines de Luther et de Calvin les observations par où Tertullien avait stigmatisé l’hérésie gnostique. C’est ainsi qu’ils dénoncent les étranges libertés que les protestants, tout comme autrefois les gnostiques, prennent avec l’Écriture[1], ou qu’ils répètent les ironies de Tertullien sur la prétendue « intellectualité » des novateurs[2], etc.[3]. Le De Praescriptione est l’inépuisable arsenal où s’arment leurs controverses.

L’argument de prescription lui-même, dont nous venons d’étudier l’origine et l’emploi chez Tertullien, eut dans les temps modernes, vers le milieu

    (Sammlung ausgewählter Kirchen- und dogmengesch. Quellenschriften hsg. von G. Krüger, 1, 3) ; 1894, par Bindley, à Oxford.

    xxe siècle : s. d. par Vizzini, à Rome (Bibliotheca Sanctorum Patrum, sér. III, vol. II ; avec plusieurs autres traités de Tertullien) ; 1906, par Rauschen, à Bonn (Florilegium Patristicum, fasc. IV).

  1. Cf. Migne, Patr. lat., II (1878), col. 35, note 72 ; col. 63, note 76.
  2. P. L., col. 56, note 55.
  3. Voir encore P. L., col. 59, note 66 (sur l’autorité du Souverain Pontife) ; col. 47, note 17 (sur cette hypothèse