Page:Tertullien - De praescriptione haereticorum, trad de Labriolle, 1907.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cieux[1]. Au besoin, des interprétations bienveillantes pouvaient tourner à un bon sens ce qu’il y avait de suspect dans certaines de ses idées[2]. On se servit donc sans scrupule des armes forgées par lui pour les faire servir contre d’autres hérétiques, non moins audacieux et non moins subtils que ceux qu’il avait combattus. Multiples furent les références que le De Praescriptione fournit aux

  1. C’est ce qu’observe le jésuite Bécan dans son Manuale controversiarum hujus temporis (Monasterii Wesphaliae, 1624, p. 688 et suiv.). Question posée : « Pourquoi l’Église tolère-t-elle la lecture d’anciens hérétiques tels qu’Origène, Eusèbe, Tertullien, Pélage, alors qu’elle défend la lecture des autres hérétiques ? » — Réponse : « Parce que les hérésies des susnommés sont éteintes ; ou parce que leurs ouvrages sont utiles en raison de leur ancienneté ; ou encore parce que leurs erreurs ne semblent plus pouvoir se propager. Cela est vrai surtout de Tertullien. Il a enseigné avec Montan que le second mariage est illicite et qu’il faut observer deux carêmes. Or les novateurs de notre temps observent un seul carême, et se marient non pas deux fois, mais trois fois, quatre fois ! »
  2. C’est ainsi que Jacques de Pamèle (Pamelius) tentait de justifier le point de vue de Tertullien sur l’éternité du Verbe. Mais sa tentative fut combattue par Denis Petau (Theologica Dogmata, Paris, 1644, t. II, p. 27) qui, d’une façon générale, contraria plutôt ces atténuations complaisantes (cf. op. cit., I, 102, sur la corporéité de l’âme ; II, 24 et suiv., sur la doctrine de Tertullien relative à la Trinité ; II, 80-81, sur les opinions doctrinales erronées des Montanistes, etc.).