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adverse. Il les devait à l’honneur de sa cause et, au surplus, il est si pleinement maître de ses moyens d’attaque, qu’il lui eût été trop douloureux de les laisser inemployés.

VI. Il n’en est pas moins vrai que la façon séduisante et cavalière dont il avait soutenu sa thèse devait exercer sur les apologistes à venir la plus durable influence. Il n’entre pas dans mon dessein de relever un à un à travers la littérature ecclésiastique tous les vestiges de cette action. Ce serait là une tâche d’une singulière ampleur, s’il est vrai, comme l’a remarqué M. Turmel, que le De Praescriptione ait été « pour la dogmatique générale ce que certains écrits de saint Augustin ont été pour la dogmatique spéciale » et qu’il ait « servi de moule à la pensée catholique[1] ».

On peut dire, en tous cas, qu’il n’en est guère du même auteur qui, dès le xvie siècle, ait été plus lu, plus admiré, plus souvent utilisé par la théologie moderne. Certes, le discrédit qui avait si longtemps pesé sur la mémoire de Tertullien créait encore contre lui un certain préjugé. Mais le poison des erreurs où son montanisme l’avait fait choir, déjà bien évaporé, avait cessé d’être perni-

  1. Tertullien, Paris, Bloud, 1905, p. 57. — Comme spécimen, on peut voir les rapprochements signalés entre le De Praescriptione et le Commonitorium, dans Vincent de Lérins, par F. Brunetière et P. de Labriolle, pp. LXIV-LXVI.