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qu’il y avait un depositum fidei, un certain nombre de données fondamentales, partout les mêmes dans l’univers catholique, et qui s’étaient transmises intégralement des apôtres, héritiers directs du Christ, aux évêques, leurs successeurs.

Le mérite de Tertullien est d’avoir apporté à la thèse susdite des développements et surtout des précisions nouvelles. Il profite des arguments déjà trouvés par ses prédécesseurs, mais la manière dont il les utilise leur donne un tout autre prix. Que l’on compare les textes d’Irénée qui viennent d’être cités aux chapitres correspondants de Tertullien [De Praesc., XXXVI ; XXII]. Ce ne sont plus quelques vues ingénieuses jetées en passant et dont on ne sait trop si l’auteur lui-même a bien aperçu la fécondité : c’est une dialectique minutieuse et patiente qui force l’esprit du lecteur à subir les conclusions qu’elle a successivement préparées. Déjà saint Irénée avait posé en fait l’indéfectibilité des églises apostoliques et la nécessité de recourir à elles dans les cas controversés[1]. Mais il n’avait pas songé à fonderie fait en raison. C’est à quoi Tertullien s’emploie tout d’abord. Il ne fait qu’un sommaire appel aux Écritures, car il tient à éviter l’apparente pétition de principe dont on ne manquerait pas de l’accuser s’il s’appuyait sur

  1. Adv. Haer. III, 3, 1 et suiv. (P. G., VII, 848).