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du Seigneur… », ne croyant pas que « ce qu’il y a dans les livres » pût lui être « aussi profitable que d’entendre les choses exprimées par une parole demeurée vivante ». [Fragment de Papias, dans Eusèbe, III, XXXIX, 4 ; traduction Grapin, I, 355.] Il serait difficile, à dire vrai, de rencontrer avant le milieu du iie siècle un autre témoignage où la tradition orale soit distinguée d’une façon aussi nette de l’Écriture elle-même. Mais quand les progrès du Gnosticisme eurent remis en question les principes fondamentaux de l’enseignement catholique, il fallut bien vérifier avec une plus diligente attention les titres de la foi et déterminer les signes qui permettraient de la reconnaître. Nous voyons que, lors du voyage qu’il fit à Rome, Hégésippe mena une sorte d’enquête doctrinale à travers bon nombre d’églises de la catholicité ; et c’est avec joie qu’il constata l’unanimité de leur enseignement [Eusèbe, IV, XXII, 1-4 ; cf. traduction Grapin, I, 457]. Mais nul n’a donné mieux que saint Irénée ce qu’on pourrait appeler la théorie de la Tradition. : « Quel besoin, demandait-il, d’aller chercher [la vérité] chez les autres ? Il est si facile de la recevoir de l’Église ! Comme un riche dans un dépôt, les apôtres ont déposé dans l’Église la plénitude parfaite de la vérité. Quiconque la désire n’a qu’à y puiser le breuvage de la vie : en dehors d’elle, tous sont des voleurs et des brigands.