Page:Tertullien - De praescriptione haereticorum, trad de Labriolle, 1907.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour les sanctifier. Leur commerce avec les astrologues et les magiciens, la corruption de leur vie, achèvent de les disqualifier. Quelle différence avec les chrétiens authentiques chez qui tout porte l’einpreinte divine ! Au surplus, ceux-ci auront leur revanche devant le tribunal de Dieu, quand les déserteurs passés à l’hérésie allégueront en vain de piteux sophismes pour pallier leur défection.

IV. Tel est ce traité, un des plus vigoureux et des plus puissamment charpentés qu’ait écrits Tertullien. Évidemment le fond même de son argumentation n’était pas nouveau à l’époque où il l’établissait ainsi[1]. La plupart des idées qu’il met en ligne avaient été exprimées avant lui. Déjà Papias, le disciple de l’apôtre Jean (ou du presbytre Jean, si l’on préfère la tradition eusébienne), s’était soigneusement enquis, pour composer son Explication des sentences du Seigneur, de « ce qu’avait dit André ou Pierre ou Philippe ou Thomas ou Jacques… ou quelqu’autre des disciples

  1. Pour tout ce paragraphe, voir Hauck, Tertullians Leben und Schriften, Erlangen, 1877, p. 176 ; Winkler, Der Traditionsbegriff des Urchristentums bis Tertullian, München, 1897 ; Turmel, Hist. de la Théol. positive, t. I (1904), p. 199 et suiv., en confrontant les objections de Harnack, Lehrbuch der Dogmengesch., I (3e  éd.), p. 326 et suiv., et de A. Sabatier, Les Religions d’autorité et la religion de l’Esprit, Paris, 1904, p. 111 et suiv.